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Titre du blog : Around-Zee-World
Auteur : Around-Zee-World
Date de création : 20-11-2008
 
posté le 25-11-2008 à 22:48:36

La Bonne Année

Où en est le cinéma français ?

Je dirais pas bien loin.

 

D'une part, ce blockbuster qu'est "Les Cht'is" et il ne faut pas avoir fait ses études de teigneux au "Masque et la plume" pour considérer que c'est de la merde en boîte (et maintenant en DVD).

Mais c'est un phénomène de société pas inintéressant pour autant : une France si honteuse, tellement la queue basse d'avoir voté Sarkozy qu'elle veut se dépêcher de se rappeler qu'elle peut être super de gauche, avec l'accent du village et la barquette de frites qui dégouline sa mayo sur les doigts. Et émouvante, bien sûr.....  (C'est le détail qu'on a jamais su oublier dans aucune comédie française, et ça donne parfois envie de prendre une autre nationalité).

 

D'autre part, cette tendance au film biographique, confortée par le succès de "La Môme" et par l'Oscar de Marion Cotillard.

Dans la foulée, "Spaggiari", "Mesrine", "Coluche" (pour ne citer que les films sur les truands). Et bientôt un film annoncé sur Romy Schneider et un autre sur Gainsbourg... Une idée que je suggère aux producteurs à partir de maintenant : investir sur les demi-morts (faut toujours être en avance sur son temps) : Bashung, qui pour se payer sa chimio est obligé de remporter les concours de sosie de Geneviève de Fontenay, Adjani qui vend des sacs à main, Elodie Bouchez... le Parti Socialiste !

 

Le mieux, donc, est de ne plus aller au cinéma pour quelque temps, et de fouiner sa vidéothèque. Il s'y trouve forcément de bonnes choses, ici et là.

 

Par exemple, La Bonne Année, un Lelouch de 1973 (ah oui ! je sens déjà poindre l'ironie façon arroseur arrosé : "à quand le film sur Lelouch ? Début mars 2009 ?" ) avec Lino Ventura, Françoise Fabian et Charles Gérard. Y’avait pas Denner dans celui-là, zut.

Un film méconnu, car dans la pénombre d'un autre, glorifié au festival de Cannes 1966. Et puis ayant du mal ensuite à se débattre dans l'opprobre généralisée jetée sur mon gars Lelouch. Faut avouer que Lelouch lui-même aime bien en rajouter sur le thème : "Mon nouveau film, que personne ne va aimer, c'est l'histoire de..." C'est même devenu sa stratégie marketing.

 

Saviez vous que (non, vous ne le savez pas ; quand on commence par cette formule, c'est qu'on suppose qu'on va apprendre quelque chose à quelqu'un. En rhétorique moderne, on peut aussi remplacer par l'insupportable "Il faut savoir que"), saviez vous donc, que ce film était un des préférés de Stanley Kubrick ? Et ce, bien devant « Taxi 3 » ! (Saviez vous qui était Kubrick d’ailleurs ?)

 

Pourquoi ce film avait-il les faveurs du réalisateur de « L’Ultime Razzia » (on nous apprend ces tournures de style à l’école pour éviter les répétitions dans la phrase. C’est stupide, bien évidement ; ça ne fait que l’alourdir la phrase. Il n’y a que les journalistes qui y concèdent. Et certains écrivains à succès) ? Parce que c’est l’histoire d’un hold-up minutieusement préparé et qui malgré tout échoue. A cause du fichu impondérable. Ou, en d’autres termes, ce grain de sable qui enraye la machine, thème si cher au cinéma kubrickien.

 

C’est aussi, en parallèle, une réflexion sur les femmes d’après mais... 68 (c’est d’ailleurs sous cet angle qu’est généralement présenté le film, quand il est présenté), les vieux tics lelouchiens ici : les femmes... les femmes qui sont plus fortes que nous les hommes. C’est sûr, ça fait un peu démago, mais il n’a pas tort ; regardez, Baby Ruth.

 

Je ne vais pas aller beaucoup plus loin, car ce film est à voir, pas à raconter. Si on vous décrit par le menu la beauté du second mouvement de la 7ème de Beethov, vous n’aurez pas autant la chair de poule que si vous l’écoutez.